Peau d’oignons

Il en va de la peau des oignons, ou en tout cas de l’épaisseur de leur peau, comme de la chute tardive des feuilles, de la facilité ou non à peler l’ail, ou encore de l’abondance des noix ou noisettes, la croyance populaire les considère comme des indices naturels précieux pour établir un pronostic météo saisonnier, et en particulier, pour prédire quel genre d’hiver va nous accompagner entre décembre et avril.

Ainsi, selon que les oignons ont la peau fine et unique ou épaisse et multiple, l’hiver qui suit leur récolte sera doux et bref ou, au contraire, long et rigoureux.

Admettons que ce précieux légume de nos potagers possède une morphologie capable de prévoir les températures 3 ou 4 mois à l’avance. En nous basant sur l’observation de la récolte de l’automne 2011, proposant des oignons à la pelure d’une épaisseur de cheveu anémique, il était de bon ton de constater que nous vivions un début d’hiver particulièrement doux. Et de fait, jamais décembre n’a affiché une telle douceur, particulièrement en moyenne montagne, et rarement janvier n’a été aussi généreux en perturbations. Pas un seul front froid atlantique –et ils ont été nombreux à défiler durant cett première moitié d’hiver- ayant amené des chutes de neige jusqu’à basse altitude, qui n’ait ensuite été suivi d’un redoux assassin et d’une remontée des pluies jusqu’aux environs des 1500 à 1800 mètres.
Oui, mais voilà, c’était oublier février. En quelques jours, les vents dominants ont tourné d’Ouest en Est, et la lointaine Sibérie, chère au futur-ex (ou ex-futur, on ne sait plus très bien) président Putin s’est chargé de nous rappeler que nous partagions le même continent qu’elle. Associé à un puissant anticyclone continental, ses masses d’air polaire en ont profité pour venir frigorifier nos belles contrées.

Alors certes, dix jours de « mini-glaciation » ne font pas un hiver, mais du coup, je ne peux m’empêcher de penser que les dictons populaires n’engagent que pour ceux qui veulent bien y croire, ou alors, que mes oignons 2011 avaient une tendance exhibitionniste avérée…