Il était une fois dans l’Est …. du Valais un col mythique au nom étonnamment mélodieux en rapport aux canons usuels du patois local, séparant deux vallées que tout oppose. L’une, suréquipée, surbétonnée et surfréquentée, celle du Simplon, et l’autre, isolée, sauvage et méconnue, le Binntal. Réputé pour son accessibilité malgré son point culminant posé à 2’563 mètres, l’itinéraire les reliant est sillonné par de nombreux bikers à la belle saison. L’option habituellement retenue consiste en un transit Est-Ouest, en escaladant le versant nord du Breithorn à partir de Grengiols dans la vallée de Conche, ou en remontant le Saflischtal à partir de Binn, pour ensuite plonger sur Brigue et la vallée du Rhône une fois le Saflischpass franchi.
Armés de notre spray anti-loups (le conseiller d’Etat, Jean-René Fournier, tient sa recette à votre disposition) nous avons décidé de découvrir le parcours en sens inverse, d’Ouest en Est, en laissant derrière nous le bruit et la pollution de la vallée du Simplon pour pénétrer dans le Binntal à partir des vertigineux flancs herbeux du Breithorn. Délaissé par les touristes, cerné de sommets blanchis par les premières neiges et baigné dans une étonnante lumière de fin d’automne, cet itinéraire version « octobre » est tout simplement « hallucinant » : un sentier intégralement roulable serpentant au coeur d’un environnement naturel grandiose et préservé, à la beauté brute et sauvage, et à l’inhospitalité palpable….
…. ou quand les mots paraissent soudain dérisoires face aux splendeurs de Dame-Nature.
Dès la sortie de Brigue, une rampe prémonitoire...
Ried-Brig : nous sommes encore prisonniers du goudron, mais les beautés de l'horizon nous font déjà miroiter leurs splendeurs naturelles.
Toute ressemblance avec une récente affiche publicitaire du désormais plus grand parti de Suisse ne serait ni fortuite ni involontaire. Ou quand les moutons ne sont ni complètement blancs ni entièrement noirs... et le pâturage visiblement assez grand pour tous....
L'arête de Rosswald : un formidable promontoir naturel transformé en champ de bataille sacrifié aux dieux du tourisme hivernal de masse.
Les derniers hectomètres de la piste principale de Rosswald sont avalés tambour battant entre canons à neige et beautés d'un environnement lointain visiblement mieux préservé.
La véritable route du Saflischpass commence à partir de Fleschbode. Abandonnant sans regret les pistes de ski de Rosswald, nous mettons résolumment le cap vers l'Est.
Si les derniers câbles trahissent encore la présence humaine, l'environnement général laisse peu de place au doute : nous pénétrons inexorablement dans une zone ou la nature sauvage règne en maîtresse.
Quoique localement défoncé, le chemin du Saflischpass est étonnament bien adapté à la pratique d'un VTT engagé et volontaire.
Bye bye bassin d'eau pour canons, pylones métalliques et pâturages zébrés de cicatrices.
Dans la trace ou à côté. C'est fou comme le VTT ressemble parfois à la vie.
Le chemin tracé sur les flancs du Fülhorn est une pure merveille. Quand dame-nature et travail des anciens oeuvrent de concert, le bonheur n'est jamais loin.
Ce cocktail de nuages échevelés, de lenticulaires et de fenêtres de foehn montre bien que l'évolution est incertaine, mais néanmoins prometteuse pour qui sait lire dans entre les lignes d'un ciel valaisan typique d'un régime de sud-ouest.
Si le single-track est parfaitement roulable, le gain d'altitude nécessaire pour se hisser jusqu'au Saflischpass demande quand même quelques coups de pédale bien sentis.
A l'approche du Gillgrabe, épaulement sud du Hurvetz, notre chemin nous offre un appréciable intermède en pente douce.
Chacun en profite pour boire une lampée, calmer ses pulsations ou accessoirement saluer le photographe.
L'une des particularité du sentier du Saflisch est sa forme creusée en auge. Si la faible consistance du revêtement, intégralement en pâturage, en est certainement la cause, y rouler tout en continuant de pédaler demande localement quelques dons d'équilibre et de synchronisation.
La double dénomination du Bortelhorn, Punta del Rebbio, indique notre proximité avec l'Italie, dont ce pic marque la frontière.
Etang asséché ou place d'aterrissage pour soucoupes volantes ? Pourquoi vouloir toujours tout expliquer, alors qu'il suffit parfois simplement d'apprécier.
Le gruppetto en approche synchronisée sur le pâturage d'Undri Oflini.
Fleschegga : première rencontre avec une boue due au cycle de gel/dégel de cette face parfaitement exposée aux rayons du soleil mais à l'altitude élevée.
A l'approche du col de Saflisch, pâturages et pierriers se partagent un territoire dont le single-track traversant continue à rester gérable on the bike.
Surprise à Gruepi, sur le versant Est du Saflischpass. L'enchevêtrement de moraines glacières entre lesquelles serpente notre chemin offrent quelques pans moins bien exposés au soleil, et dont les premières neiges ont déjà pris possession.
Pas vraiment de quoi nous arrêter, simplement une bonne raison de ralentir pour apprécier un début de descente grandiose, et accessoirement gérer l'omniprésence de plaques de verglas câchées sous la fine pellicule neigeuse.
Fort heureusement, l'incroyable diversité d'orientation des facettes topographiques nous offre toujours le choix d'une option plus ou moins sèche.
Tranzbede. Si mes notions d'Oberwalliser-Dialekt m'empêche de vous traduire toute les subtilités de ce lieu-dit, le grandiose panorama naturel qu'il offre ne devrait laisser insensible ni votre oeil, ni votre âme.
Le Haut-Saflischtal n'en finit pas de dérouler ses vastes plateaux d'herbes sèches crissant sous nos roues, ou quand dame-nature s'évertue à combler même le plus improbable de nos cinq sens.
En chemin vers l'Est, et le Binntal qui profile enfin au loin le profond sillon de sa vallée.
Variation infinie d'ocres et de terres de sienne pour une fin d'automne annoncée.
Pâturages pommelés de bistres, horizon barré de pics abrupts déjà enneigés et ciel moutonnant entre bleus et blancs, tout ici concourt à l'impression imtemporelle de beauté brute.
Au passage de Stierwang, le versant Est du Saflischpass conscent enfin à plonger plus résolument vers les lointaines eaux de son Saflischbach.
Le toit rouge-bordeaux du petit alpage de Brunegge posé comme un phare au milieu d'une mer de pâturages, premier signe de notre retour prochain parmi les hommes.
Plutôt que plonger dans le Saflischtal par la piste vers Heiligkreuz, nous optons pour quelques kilomètres de remontée vers Furggerschäller en vue d'une seconde partie de rando particulièrement prometteuse.
Si les jambes sont lourdes, la perspective d'une entrée dans le Binntal via les versants vertigineux du Breithorn redonne des ailes aux plus fatigués.
Les flancs du Breithorn, outre quelques équipements militaires (peut-être encore en service) recèlent un sentier absolument splendide.
Mountain Bike or Not Moutain Bike ? A ce stade, poser la question tient de l'indécence.
Le Saflischtal et le Bättlihorn sont désormais bien bas pour le premier et bien loin pour le second. Notre arrivée à la verticale de l'entrée Ouest du Binntal n'est plus qu'une question de minutes...
.... que le sentier descendant en pente douce réduit inexorablement.
L'étroite vallée du Chriegalptal est déjà plongée dans l'ombre de ses imposants massifs latéraux....
... alors que le petit lac artificiel du Chumibort, plus élevé, baigne encore dans la lumière rasante des derniers rayons d'une journée bénie.
Le début de notre descente finale est à l'image de l'itinéraire du jour : doux, herbeux et joueur en diable.
Nous en profitons pour apprécier l'incroyable panorama que l'endroit offre sur le Binntal, 1'200 mètres sous nos roues.
Les choses sérieuses et intéressantes débutent à partir de la croix de Hole.
Une descente entre ciel et terre....
.... agrémentée d'épingles espiègles avec vue pongeante sur le Saflischbach....
... pour une arrivée dans le Binntal hors-du-commun.
Bouder son plaisir sur un tronçon aussi gratifiant et dans un environnement aussi grandiose serait probablement considéré comme un péché mortel....
.... pour un spot qui devrait devenir le lieu d'un pèlerinage annuel unanimement apprécié.
Saflischmatta : le retour dans la lumière.
Chelliwald : un ultime single en forme d'apothéose.
Réplique à la JP : on fait pas beaucoup de kilomètres, mais alors, qu'est-ce qu'on perd comme altitude.