GPS tout-terrain, l’improbable convergence ?

Périodiquement, entre saisons, quand mes bikes relégués au repos forcé par les premiers frimas commencent à prendre la poussière et que mes boards se morfondent encore dans la pénombre de mon atelier dans l’attente des vrais flocons fabriqués par dame-nature, le sujet des récepteurs GPS portables remonte des tréfonds de ma mémoire où l’avaient relégué l’ivresse des longues randos estivales. Objet « hi-tech » pratiquement devenu indispensable pour se diriger dans la « jungle » des grandes villes et des réseaux routiers surchargés, la véritable vocation du GPS reste pourtant, à mes yeux, son incroyable potentiel loin des voies de communications et des zones d’habitation bardées de panneaux indicateurs.

Logiquement, après avoir « épuisé » la clientèle citadine, les fabricants se tournent maintenant vers ce marché de niche, pour finir d’occuper le terrain et tenter de rallier à leurs causes, les adeptes de plein air. Malheureusement, les recettes qui ont fait le succès des récepteurs routiers, ne semblent pas facilement transposables loin du bitume.
Dans un premier temps, les grands fabricants (Garmin, Magellan) se sont contenté de décliner leur gamme de récepteurs portables pour l’adapter aux exigences d’un usage tout terrain : renforcement de la coque, protection contre l’humidité, amélioration de la lisibilité des écrans, ajout d’altimètre ou de compas, amélioration de l’autonomie. Si ces premiers modèles ont rapidement rencontré un certain succès parmi les professionnels du plein-air, guides et alpinistes, déjà adeptes de la formule «boussole et cartes papier», ils n’ont pas su véritablement s’imposer auprès de la masse des randonneurs, pédestres ou vtt, souvent moins aguerrie en orientation/navigation, mais surtout, peut-être plus exigeante en matière de technologie. En d’autres termes, pour le grand public, un récepteur GPS sans cartes topo embarquées ne représente finalement qu’un intérêt très relatif. Et c’est là que le bât blesse : à ce jour, il n’existe sur le marché, aucune solution véritablement adaptée à la pratique d’activités extérieures.

Si on laisse de côté un court intermède avec un récepteur typé «montagne», dépourvu de cartographie (Garmin Etrex Summit), la première véritable solution vers laquelle je me suis orienté (c’est bien le cas de le dire pour un GPS) fut celle du PDA Windows PocketPC, complété par un récepteur au format CF.

Au premier abord, les avantages semblent évidents :
– une grandeur d’écran confortable.
– une cartographie abondante et bon marché (cartes topo scannées, CD/DVD de l’OFT).
– une offre logicielle conséquente et de bonne qualité (CartoExplorer CE, MemoryMap, Ozi Explorer CE).
– un système polyvalent et modulable (mémoire extensible, cartes mémoires multi usages).
Malheureusement, après quelques tentatives d’utilisation plus ou moins couronnées de succès, il a bien fallu que je me rende à l’évidence des aspects négatifs induits par ce choix :
– une autonomie limitée (3 à 4 heures max.), surtout si le récepteur GPS est externe (CF, SD)
– une exposition rédhibitoire pour un élément aussi fragile, particulièrement à VTT .
– une capacité à affronter l’humidité quasi nulle.
– une gestion finalement assez complexe (calibrage et transfert des cartes) pour les réfractaires à l’informatique ou les non-initiés à la topographie.
Au final, le bilan n’est pas qu’élogieux et les certains points trop négatifs pour justifier une solution aussi onéreuse.

La seconde voie, dans laquelle j’ai cherché une solution, est celle des nouveaux produits tout-terrain, équipés de cartes embarquées, récemment mis sur le marché par Garmin (GPSMap séries 60 ou 76). Après une première série de recherches sur le Net ( GPSPassion, Garmin) j’étais à peu près convaincu d’avoir enfin trouvé la panacée tant les éléments positifs me semblaient nombreux :
– boitier léger et résistant
– bonne tenue face à l’humidité.
– autonomie acceptable.
– écran certes de faible dimension, mais bien adapté à la lecture en lumière extérieure.
– et bien sûr l’indispensable cartographie embarquée.
Pratiquement, le mouton à cinq pattes…
Malheureusement (bis), en approfondissant mes explorations et en échangeant quelques mails avec les différents supports techniques concernés, j’ai dû me rendre à l’évidence : il n’existe à l’heure actuelle, en Suisse, aucune possibilité d’intégrer des cartes topographiques de qualité (cartes à l’échelle 1 :25’000 ou 1 :50’000 de Office Fédéral de la Topographie) dans un récepteur GPS fabriqué par Garmin. (et d’ailleurs, je pense, dans celui d’aucun autre fabricant). Seules les cartographies propriétaires de la firme sont disponibles, et ce, malgré ce que certaines appellations pourraient laisser supposer. Méfiez vous des éventuelles confusions (souhaitées ???) et prenez la peine de jeter un coup d’œil à ce document. En définitive, ce pourrait être un moindre mal, si les cartes vendues par Garmin étaient de qualité équivalente à celles émises par l’Office Fédéral de la Topographie. Malheureusement, on est loin du compte. Les cartes vectorielles disponibles sous l’appellation TopoSuisse sont loin d’être à la hauteur des réputées publications nationales SwissMap 25 .


Je n’ai pas encore eu le temps de véritablement approfondir le sujet du côté de la concurrence (Magellan) mais vue la répartition des forces en présence sur le marché suisse, je doute d’y trouver des solutions foncièrement plus viables.

Finalement, en matière de GPS tout-terrain avec cartographie embarquée, je crois que, comme le dit fort judicieusement l’adage populaire, «Il est urgent d’attendre». A l’exemple de ce que l’IGN commence à mettre en place pour la France avec Evadeo, les politiques commerciales des différents acteurs en présence (fabricants et OFT) pourraient peut-être converger dans l’avenir, et nous offrir une solution alliant récepteur adapté et cartographie de qualité. Mais, comme pour la vente des cartouches d’encre sur le marché des imprimantes, ou celle des lames de rechange sur celui des rasoirs, le nerf de la guerre restera l’argent lié à la vente des consommables, en l’occurence, celui des extraits de cartes. La délicate répartition des royalties liées à leur distribution sera, on peut en être certain, l’embûche principale à une éventuelle collaboration. Et aux vues les intérêts en jeu, il y a fort à parier que les accords commerciaux seront âprement négociés.

Moralité : «Wait And See», mais surtout «Shut Up And Ride (Or Walk)» ..