Malgré sa réputation justifiée de ne jamais rien donner, le Gälmji n’en finit pas de voir défiler les bikers prêts à en défier ses gourmandes déclivités. Considéré comme difficile d’accès, plus par la première partie de sa plongée dans le Nesseltal que pour son ascension à partir du col du Simplon, cette large échancrure entre Tochuhorn et Staldhorn attire les deux roues comme un pot de miel les ours de Colombie Britannique. La faute à « Bärgeri », improbable bisse perché entre Glishorn et apics des gorges de la Saltine, donnant accès à la phénoménale descente finale sur Brigue, via Grundwald, Jungholz, Tälwald puis Cholerschleif.
Il existe de nombreuses façons de rejoindre la vallée du Rhône à partir du col du Simplon. Sans même évoquer la route internationale « surbétonnée », nous en connaissons de très gratifiantes, à travers le Nanztal, puis le Gebidum, ou de plus rugueuses, via la Taferna et son incontournable Stockalperweg. Mais finir un « bike-trip » de 4 jours sur ce col historique par la descente du Gälmji reste un feu d’artifice digne de la plus grande fête nationale sans sécheresse, la cerise sur la plus gargantuesque forêt noire sans clinique ou Byzance, Versailles et le Pérou, réunis pour l’occasion dans la même exrpession et au même endroit béni, le Nesseltal.
Démarrer tôt et au soleil ? Si on avait
su qu'il suffisait de changer de versant, Chastelberg et Furggu ne nous auraient peut-être jamais vu.
Au soleil et à pieds. Le verrou de Hopsche et son lac éponyme n'offre pas vraiment de possibilités de rouler.
Au contraire des premiers contreforts du Tochuhorn, qui, comme habituellement, restent pulsants, mais bikables.
Le lacet de tous les défis. Le prendre sans se prendre les pieds dans son tapis de gravier en est le premier. En ressortir par le haut, le second, souvent impossible.
La brume piémontaise, prémices du mauvais temps annoncé, ne nous prive finalement ni de selle, ni de soleil.
Gälmji, c'est par ici ! Même si, provisoirement, ça fait de nouveau mal aux épaules.
Lové dans un repli menant au Staldhorn, notre chemin du matin garde souvent une pente raisonnable, et, par conséquent, roulable.
Un dernier regard sur Maitre Fletschhorn, avant de définitivement lui tourner le dos (pour cette saison tout du moins).
Si ce parallélisme est assez saisissant, il n'a, de notre point de vue, rien d'appétissant.
2,3,9,8 et c'est parti ! Si la manière de compter n'est pas très orthodoxe, hormis pour qualifier l'altitude du Gälmji, l'entrée dans le Nesseltal est pour le moins plongeante.
Encore un dimanche matin tout en chemins.
Clôturer un séjour au Simplon en passant par le Gälmji occasionne forcément moins de regrets.
D'autant que l'entrée en matière n'offre pas beaucoup d'opportunités de penser à autre chose.
Le Gälmji, un itinéraire qui ne s'embarasse pas de préliminaires.
Démarrer tôt implique quelques contraintes de lumière et de température, surtout dans un versant nord, fin septembre.
Pas grave, le sillon est profond et, visiblement, régulièrement entretenu.
C'est une histoire de combes et de crêtes, d'ombre et de lumière, de hauts et de bas, de bike et de chemins. La vie, quoi !
Savoir d'où l'on vient, décider où l'on va...
... et, surtout, comment on y va.
Dire que le Gälmji est un chemin à plaquettes n'est qu'un doux euphémisme.
Dès que la pente se calme un peu, ce sont les rochers qui reviennent en force.
Maintenir le cap, garder de la vitesse et laisser vivre son vélo. Plus facile à dire qu'à faire.
Un peu grâce à notre rythme et beaucoup grâce à sa course, nous finissons par retrouver le soleil.
Pas de quoi calmer les ardeurs d'un chemin toujours enclin à vouloir vous désarçonner.
L'approche de la forêt marque pourtant la fin des hostilités...
... et la rondeurs des hauts pâturages d'Obers Nesseltal redonnent du flow à un exercice matinal jusque là assez brutal.
Fumant et, désormais, fameux ce wanderweg mythique.
D'Obers à Unners (Nesseltal) ce ne sont plus que douceur, moelleux et suavité. Ou, presque.
En perdant à la fois pente et caillasse, notre chemin devient d'un seul coup, une petite friandise gourmande.
Et ce n'est pas le changement de rive du Nesselbach qui vient contredire cette affirmation.
L'unique difficulté de ce retournement de veste (changement de bord) consiste à ressortir de l'abrupte gorge à la pédale.
Parce que une fois le Bärgeri sous les roues, il ne reste plus qu'à laissé jouer sa quasi horizontalité. Et le "quasi" a ici toute son importance.
Le contournement du Glishorn n'en devient plus qu'une lente et douce glissade avec vue.
Quand on finit par côtoyer le Heijgrabe, 600 mètres au-dessus des gorges de la Saltine...
... on comprend mieux pourquoi les habitants de la région ont décidé d'y ériger un petit oratoire.
La plongée finale : direction Brig, tout en gaz et en poussière.
Le chemin est plutôt roulant même si certains de ses tronçons s'apparentent plus à un dévaloir qu'à un sentier pédestre.
Sol pulvérulent, le leitmotiv de l'été 2018, et, peut-être des suivants ?
Entre Annerholzgrabe et Saltinaschlüocht il y a tout juste la place pour un divin chemin.
Tellement divin que les gens du coin en ont fait un chemin de croix, avec virages relevés et tout le tsoin-tsoin.
La dernière épingles d'un long, très long week-end simplonien.
La première gorgée de bière et autres petits plaisirs d'un très long week-end qui n'en a pas été avare. Au contraire.