Osmose givrante : Jurassic highlands & heavenly Scottish nectar

Alors que d’aucuns ont troqué depuis longtemps leur destrier vététesque pour une planche ou deux lattes gravant leur trace dans la blanche, j’en suis encore à me chercher des occasions de rouler dans des conditions extrêmes, ajoutant ainsi une touche finale épicée sur une saison ma fois pas si mauvaise qu’envisagée à mi-été. Des heures supps en suffisance et une furieuse envie de pédaler après un break de plusieurs jours suffisent à me motiver pour passer un après-midi bien calé sur mon Golddigger.


Direction la crête au-dessus de mon domicile, dans un décor féerique de givre, de neige et de glace, pimenté d’un brouillard très épais, d’une température sibérienne et d’une bise assassine. Tous les ingrédients réunis pour me pousser à me surpasser. S’ensuivent près de deux heures d’exercices acrobatiques pour maintenir le cap sur des chemins à la neige à peine tassée et parfois farineuse et traître. Des plaques de glace agrémentent le tout et une buée vagabonde trouble parfois ma vision au travers de mes verres jaunes. La montée à la métairie de Plagne (voir le reportage précédent sur ce site) est un modèle d’équilibre et de coups de cul dans une purée à couper au couteau, avec à l’arrivée une surprise de taille : canalisation de dos de chameau gelée et soif non extinguible ! Il fait -10 degrés… La descente de 6km qui suit se fait comme sur des œufs avec le souci constant d’éviter la chute. Là où je plane habituellement à 70km/m je dois me contenter d’un modeste 10. Un bout de route partiellement dégagée et déjà il faut remonter sur mon village en déjouant les pièges du verglas et de la farine salée tenant lieu de neige.
Au final 20km de bonheur hivernal sur une crête jurassienne qui me fascine autant en condition hivernale extrême que par temps plus « populaire ». Se surpasser de temps en temps permet de sortir quelque peu du carcan professionnel si prenant en fin d’année. D’autant plus que sur le gâteau pourtant copieux en émotion de cette glaciale sortie se dépose une cerise magnifique : un verre de délicieux breuvage écossais simple malt gouleyant accompagné d’une bonne pipe de tabac aromatique. En effet qu’y a-t-il de plus reposant pour se remettre de ses émotions que de savourer une dose de ce merveilleux Talisker, trésor malté de l’île de Skye au nord de l’Ecosse ? Grand amateur de purs malts dont je possède une quarantaine de crus, je classe cet îlien parmi le peloton de tête, en plus noble encore que ses cousins Laphroaig et Lagavulin de l’île voisine d’Islay.
De lampées en gorgées l’esprit se libère et j’en viens à rêver d’un parallèle entre la rudesse des hauteurs jurassiennes et de ces îles écossaises balayées par les glaciales rafales hivernales. Et pourquoi pas un jour aller y déposer la marque de nos crampons, par temps plus clément s’entend, dans un périple vététo-roboratif joignant sport et culture dans un environnement grandiose. Certaines photos illustrant l’article devraient titiller les neurones des aventureux qui le lise. Let think later… et joyeux Noël à tous.

Des détails sur l’excellent Talisker